Fracture naviculaire du pied : signes, types, traitement et rééducation

Le naviculaire est un petit os situé dans le pied, entre le talus et les os du métatarse. Il joue un rôle crucial dans la stabilité et la mobilité du pied, et une fracture de cet os peut avoir des conséquences significatives sur la marche et la pratique d'activités physiques. La fracture naviculaire, une blessure fréquente chez les sportifs et les personnes actives, survient souvent à la suite d'une chute, d'un traumatisme direct ou d'un mouvement brusque du pied. Comprendre les signes, les types, les traitements et la rééducation associés à cette fracture est essentiel pour une prise en charge rapide et efficace, favorisant ainsi une récupération optimale.

Signes et symptômes

Une fracture naviculaire se manifeste par des symptômes distincts, qui peuvent varier en intensité selon la gravité de la blessure. Il est important de consulter un médecin rapidement si vous ressentez l'un des symptômes suivants après un traumatisme au pied.

Douleur et sensibilité

  • Douleur intense à la pression sur la zone du naviculaire, située sur la face interne du pied, en dessous de la cheville.
  • Douleur ressentie lors de la palpation de l'os, même sans pression.
  • Douleur lors de la marche, particulièrement sur la pointe des pieds, qui s'aggrave souvent lors de la mise en charge du pied.

Gonflement et inflammation

La zone autour du naviculaire peut être gonflée et enflammée, ce qui rend la marche difficile. Le gonflement peut être visible et palpable, et peut s'étendre vers la cheville.

Déformation

Dans certains cas, une déformation visible au niveau du pied peut être observable, notamment si la fracture est déplacée. Le pied peut paraître légèrement déformé ou plus large qu'à l'habitude.

Autres symptômes

  • Ecchymoses (bleus) au niveau du pied, particulièrement sur la face interne.
  • Instabilité du pied, sensation de "lâcher" du pied, difficulté à le contrôler lors de la marche.
  • Difficulté à marcher ou à poser le poids sur le pied.
  • Sensation de blocage ou de raideur du pied.

Diagnostic différentiel

Il est important de différencier une fracture naviculaire d'autres pathologies qui peuvent se présenter avec des symptômes similaires. Parmi celles-ci, on retrouve :

  • Entorse de la cheville : un traumatisme de la cheville peut provoquer une douleur similaire à celle d'une fracture naviculaire, en particulier si l'entorse est grave.
  • Tendinite : une inflammation des tendons du pied peut également causer de la douleur et de l'inflammation dans la zone du naviculaire. Par exemple, la tendinite d'Achille peut générer une douleur qui irradie vers le pied et simule une fracture naviculaire.
  • Syndrome du canal tarsien : une compression du nerf tibial postérieur, situé à l'arrière du pied, peut également causer des douleurs dans la zone du naviculaire, ainsi que des engourdissements et des picotements dans les orteils.

Types de fractures naviculaires

Les fractures naviculaires peuvent être classées en plusieurs types, en fonction de la localisation et de la gravité de la fracture. La classification permet de déterminer la meilleure approche thérapeutique.

Fracture non déplacée

Une fracture non déplacée est une fracture dans laquelle les fragments osseux restent alignés. Ce type de fracture est généralement moins grave et peut souvent être traité de manière conservatrice, sans intervention chirurgicale. Cependant, il est essentiel de consulter un médecin pour un diagnostic précis et des recommandations appropriées.

Fracture déplacée

Une fracture déplacée est une fracture dans laquelle les fragments osseux sont déplacés l'un par rapport à l'autre. Ce type de fracture est plus grave et nécessite souvent une intervention chirurgicale pour remettre les fragments osseux en place. Si la fracture est mal consolidée, elle peut entraîner une instabilité du pied, des douleurs chroniques et une limitation de la mobilité.

Fracture du pôle distal

Ce type de fracture affecte la partie inférieure du naviculaire, celle qui s'articule avec les os du métatarse. La fracture du pôle distal est généralement associée à une douleur lors de la marche et à une difficulté à appuyer sur la pointe du pied.

Fracture du pôle proximal

Ce type de fracture affecte la partie supérieure du naviculaire, celle qui s'articule avec le talus. La fracture du pôle proximal peut causer une douleur intense et une instabilité du pied, car elle affecte la stabilité de l'articulation de la cheville.

Fracture du corps

Ce type de fracture affecte la partie centrale du naviculaire. Il peut être difficile de traiter ce type de fracture, car les fragments osseux peuvent être très petits et fragiles. La guérison peut être plus lente et la consolidation peut nécessiter une intervention chirurgicale.

Diagnostic

Le diagnostic d'une fracture naviculaire repose sur l'examen physique du patient et sur des examens d'imagerie. Un diagnostic précis permet de déterminer le traitement le plus approprié pour une récupération optimale.

Examen physique

Le médecin examinera le pied du patient, palpera la zone du naviculaire et effectuera des tests de mobilité pour évaluer la stabilité du pied et la présence de douleur. Il peut également demander au patient de décrire ses symptômes et les événements qui ont précédé la blessure.

Radiographie

Une radiographie du pied est généralement le premier examen d'imagerie réalisé pour diagnostiquer une fracture naviculaire. Les clichés permettent de visualiser la présence d'une fracture et de déterminer son type et sa gravité. Une radiographie standard est généralement suffisante pour détecter une fracture déplacée, mais une radiographie supplémentaire sous différents angles peut être nécessaire pour confirmer une fracture non déplacée.

IRM et scanner

Dans certains cas, une IRM ou un scanner peuvent être nécessaires pour compléter le diagnostic. Ces examens d'imagerie permettent d'obtenir des images plus détaillées de l'os et de déterminer si la fracture est déplacée, si elle a touché les ligaments ou si elle a entraîné des complications. Par exemple, une IRM peut être utilisée pour visualiser les ligaments et les tendons autour du naviculaire, tandis qu'un scanner peut être utilisé pour obtenir des images plus précises des os en trois dimensions.

Traitements

Le traitement d'une fracture naviculaire dépendra du type de fracture, de sa gravité et de l'état de santé général du patient. Les options de traitement varient, et le choix dépend de l'évaluation du médecin.

Traitement conservateur

Les fractures non déplacées peuvent souvent être traitées de manière conservatrice, c'est-à-dire sans intervention chirurgicale. Les options de traitement conservateur incluent :

  • Immobilisation : le pied est immobilisé à l'aide d'une attelle ou d'un plâtre pendant une période de 6 à 8 semaines pour permettre à la fracture de guérir. L'immobilisation peut être réalisée avec une attelle amovible ou un plâtre rigide, selon le type de fracture et la tolérance du patient.
  • Repos : il est important de mettre le pied au repos et d'éviter de poser du poids sur le pied pendant la période de guérison. Des béquilles peuvent être utilisées pour faciliter la mobilité et éviter de solliciter le pied blessé.
  • Prise d'anti-inflammatoires : des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent être prescrits pour soulager la douleur et l'inflammation. Les AINS peuvent être administrés par voie orale ou par application locale.
  • Cryothérapie : l'application de glace sur la zone touchée peut aider à réduire l'inflammation et la douleur.

Traitement chirurgical

Les fractures déplacées, les fractures non consolidées ou les fractures qui ne guérissent pas correctement avec un traitement conservateur peuvent nécessiter une intervention chirurgicale. Les options chirurgicales incluent :

  • Réduction ouverte et fixation interne (ORIF) : cette intervention consiste à remettre les fragments osseux en place et à les fixer avec des vis ou des plaques. La procédure est généralement effectuée sous anesthésie générale et implique une incision chirurgicale pour accéder à la fracture. L'ORIF permet de stabiliser la fracture et de favoriser une consolidation plus rapide.
  • Greffe osseuse : si les fragments osseux sont trop petits ou fragiles, une greffe osseuse peut être nécessaire pour favoriser la consolidation. La greffe osseuse peut être prélevée sur le patient lui-même, ou provenant d'un donneur. La greffe permet de stimuler la croissance osseuse et d'améliorer la consolidation de la fracture.
  • Arthrodèse : dans certains cas, une arthrodèse peut être réalisée, c'est-à-dire la fusion des os du pied pour stabiliser la zone touchée. Cette intervention est généralement réservée aux fractures complexes ou aux fractures non consolidées après plusieurs tentatives de traitement conservateur. L'arthrodèse permet de limiter la mobilité du pied, mais elle peut réduire la douleur et améliorer la stabilité.

Rééducation

Une fois que la fracture a guéri, une période de rééducation est nécessaire pour restaurer la force et la mobilité du pied. La rééducation comprend des exercices spécifiques pour renforcer les muscles du pied et de la cheville, améliorer la mobilité et retrouver la marche normale. Elle est généralement réalisée avec un kinésithérapeute qualifié. Les exercices de rééducation peuvent inclure des exercices de flexibilité, des exercices de renforcement musculaire, des exercices proprioceptifs pour améliorer l'équilibre et la coordination, ainsi que des exercices de marche progressive. La durée de la rééducation varie en fonction de la gravité de la fracture et de la réponse du patient au traitement.

Complications

Les complications potentielles d'une fracture naviculaire peuvent inclure :

  • Infection : une infection peut se développer dans la zone de la fracture, notamment après une intervention chirurgicale. L'infection peut retarder la guérison et nécessiter un traitement antibiotique supplémentaire.
  • Non-union osseuse : la fracture peut ne pas guérir correctement, ce qui peut entraîner une douleur persistante et une instabilité du pied. Une non-union osseuse peut nécessiter une intervention chirurgicale supplémentaire pour stabiliser la fracture et favoriser la consolidation.
  • Arthrite : une fracture mal consolidée ou une infection peuvent augmenter le risque d'arthrite dans la zone du naviculaire. L'arthrite peut provoquer des douleurs, une raideur et une limitation de la mobilité du pied.

Il est important de suivre les recommandations du médecin et de consulter un professionnel de santé en cas de douleur persistante, d'inflammation ou d'autres symptômes qui surviennent après une fracture naviculaire. Un suivi régulier avec le médecin permet de surveiller la guérison de la fracture et de détecter rapidement toute complication potentielle.